M. Essabbar : la lecture, l'éducation et le soutien à l’accès des détenus aux livres jouent un rôle important dans leur réinsertion
Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a signé, le jeudi 14 mars 2013, un accord de partenariat avec la Faculté des lettres et sciences humaines de Rabat-Agdal portant sur la remise des publications de la faculté (plus de cinq mille exemplaires et plus de 300 titres) à la Délégation générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion. Cette dernière procédera à leur distribution aux divers établissements pénitentiaires, en fonction de leurs besoins et de leurs programmes de réinsertion, en vue de promouvoir les droits des prisonniers et faciliter leur accès aux livres et publications scientifiques.
Dans ce contexte, le Secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme, M. Mohamed Essbbar, a souligné que cette initiative s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations du rapport du Conseil sur la situation dans les prisons et des prisonniers, publié en octobre 2012, et vise à soutenir l’accès des pensionnaires des établissements pénitentiaires aux livres et publications scientifiques et contribuer ainsi, à leur réinsertion, en mettant l’accent sur l'importance de ces initiatives pour les détenus et la société dans son ensemble.
Si l’objectif de la peine de privation de liberté est de punir la personne contre laquelle a été prononcée la peine, et protéger la société contre les aspects négatifs de son comportement, M. Essabbar précise que "parmi les plus importantes fonctions de l’établissement pénitentiaire, est d’assurer la réinsertion dans la société de la personne condamnée à une peine de privation de liberté, après avoir purgé sa peine, en faisant d’elle un bon citoyen, différente de la personne qu’il était lors de son admission en prison", ajoutant que ‘la lecture, l'éducation et l’enseignement ont un rôle important dans ce processus’.
Pour sa part, M. Hafid Ben Hachem, le Délégué Général de l’Administration Pénitentiaire et de la Réinsertion, a souligné l'importance de cette initiative, qui sera à même de renforcer les liens de partenariat et de coopération entre son département, la Faculté des Lettres et Sciences humaines - Agdal et le CNDH, affirmant qu'elle constitue un exutoire essentiel pour les détenus et consacre leur droit de bénéficier de l'éducation et de la formation, garanties par la Constitution de 2011.
Il a précisé dans ce cadre que le nombre de détenus ayant bénéficié des programmes d’éducation et de formation dont la Délégation pénitentiaire assure la mise en œuvre, en partenariat avec de nombreux acteurs de la société civile, notamment la Fondation Mohammed VI pour la réinsertion, a atteint au cours de l’année 2012/2013 plus de 13.500 bénéficiaires, rappelant à cet égard que la proportion des jeunes est de 86 % du nombre total de la population carcérale.
Dans le même contexte, M. Mahjoub El Haiba, le Délégué interministériel aux droits de l'Homme, a affirmé que cet accord est à même de contribuer à l’amélioration de la situation dans les prisons et à favoriser un traitement humain des prisonniers, soulignant que l’encouragement de la lecture permet une bonne réinsertion et réhabilitation des détenus, et soulage les souffrances liées à leur privation de liberté.
À son tour, M. Wael Benjelloun, le président de l'Université Mohammed V-Agdal de Rabat, a mis en exergue l'importance de cette "action citoyenne" et a souligné la reconnaissance par l'Université du droit à l’éducation, à l'apprentissage et à la culture du citoyen même lorsqu’il est prisonnier. Et M. Benjelloun de ‘préciser que notre espoir à tous réside dans le fait que toutes ces initiatives, outre celle d'accepter l'inscription des prisonniers à l’Université, puisse faire du détenu, après sa sortie de prison, un citoyen productif qui contribue au développement de la société.
D'autre part, M. Abderrahim Benhada, Doyen de la Faculté des Lettres et Des Sciences Humaines de Rabat-Agdal, a estimé dans son allocution que «la zakat de la science c’est de la dispenser », en ajoutant que cette initiative est une autre pierre qui vient s’ajouter à l’édifice du partenariat et de la coopération entre l'Université et le Conseil national des droits de l'Homme. Elle s’ajoute aussi, poursuit-il, aux initiatives visant la création d’un Master et d’un doctorat en histoire du temps présent ainsi qu’un Centre de recherche sur l’histoire du temps présent, et le Centre des études sahariennes...
Il est à noter que le CNDH a publié un rapport sur les prisons, sous le titre "La crise des prisons, une responsabilité partagée: 100 recommandations pour la protection des droits des détenus(es)," qui renferme des recommandations adressées aux différents acteurs concernés par la situation dans les prisons. Ce rapport comporte un volet dédié à l’éducation, à l’enseignement et à la formation professionnelle, dans lequel le Conseil appelle au renforcement de la coopération entre les acteurs concernés, sans soumettre le droit à l'éducation et à la formation à certaines conditions, avec la nécessité de mener des compagnes de sensibilisation au sein de la population carcérale sur l'importance de l'éducation et de la formation professionnelle.