Mise en œuvre des recommandations de l’IER : le Conseil remet le rapport de l’expertise génétique à la famille de feu Belkacem Ouazzane
Le CNDH a remis le mercredi 4 février à son siège à Rabat, à la famille de feu Belkacem Ouazzane, l'une des victimes des violations graves des droits de l'Homme, le rapport de l'expertise génétique prouvant que les restes retrouvés à proximité de l'ancienne prison d'Agdz sont effectivement ceux du défunt étant donné que son ADN est conforme à celui des membres de sa famille.
Cette démarche s’inscrit dans le cadre du suivi de la mise en œuvre des recommandations de l'Instance équité et réconciliation (IER), notamment dans son volet relatif à l'établissement de la vérité. En effet, les investigations menées par l'IER ont abouti à la découverte d'une tombe se trouvant dans un cimetière près de l'ancienne prison d'Agdz, qui serait celle de feu Belkacem Ouazzane. De ce fait, la commission de suivi créée à l'issue du mandat de l'IER et après présentation de son rapport final, a procédé à l'exhumation des restes de la dépouille et en a soumis des échantillons à l'expertise d'un institut spécialisé dans les analyses génétiques basé à Nantes en France (Institut génétique Nantes Atlantiques), qui a confirmé la conformité des composantes génétiques de ces restes avec celles des membres de la famille du défunt.
Ce rapport a été remis à la famille en présence des fils du défunt, Abdelkerim et Omar Ouazzane, de l'avocat de la famille, le bâtonnier Abderrahmane Benomar et des représentants de la ligue marocaine des droits de l’Homme, du Forum marocain pour la vérité et l'équité, de l’organisation marocaine des droits de l’Homme, de l’association marocaine des droits de l’Homme et du Comité de Coordination des familles de disparu(e)s dont le sort reste inconnu et des victimes de disparitions forcées au Maroc.
Né en 1924 à Figuig, feu Belkacem a été arrêté le 17 avril 1973 de son travail à proximité des frontières algéro-marocaines, limitrophes de la ville de Figuig. Il a été transféré au centre de détention secret de l'aéroport d'Anfa à Casablanca, plus communément connu sous le nom de "Corbis", puis au centre de Derb Moulay Chérif dans la même ville jusqu'en juin 1973, date de son incarcération à la prison centrale de Kenitra. Il a été acquitté par le Tribunal militaire permanent des Forces armées royales de Kenitra en date du 30 août 1973, mais a été enlevé le même jour de la prison locale de Kenitra et fait l'objet d'une disparition forcée.
Durant sa disparition, il a été aperçu dans un centre de détention secret à Témara où il a passé une année environ, puis au centre de Tagounit où il est resté deux années avant d'être transféré au centre d'Agdz en compagnie d'un groupe de détenus, où il a rendu l'âme.
Son fils, Abderrahim Ouazzane, avait témoigné lors d'une audition publique des victimes des violations graves des droits de l'homme perpétrées au Maroc entre 1956 et 1999, organisée par l'IER le 29 janvier 2005 à Figuig. Il s'agit de la troisième audition du genre après celles de Rabat.
Par ailleurs, le conseil, dans le cadre du programme de réparation communautaire, avait procédé à l'inauguration du centre ‘Belkacem Ouazzane pour la préservation de la mémoire’, réalisé par l'association Annahda à Figuig, dans le cadre du projet "création d'un espace de préservation de la mémoire".
Outre la consolidation de la réconciliation, le projet a pour objectifs de doter la ville d'une structure permanente dans le domaine des droits de l'Homme et la mémoire collective, garantir au public l’accès à l’information et aux différentes activités de l’espace de préservation de la mémoire et contribuer au rayonnement de la cause des droits de l'Homme et la préservation de la mémoire.